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De la porte de Brandebourg à la Concorde, une grande fête européenne

Sous les acclamations d'une foule réfugiée sous des parapluies, un millier de pans de mur colorés, décorés par plus de 15 000 personnes à travers le monde, se sont effondrés un à un par un effet de dominos. Pour les 100 000 personnes venues lundi 9 novembre assister aux cérémonies pour les 20 ans de la chute du Mur, porte de Brandebourg à Berlin, cette impressionnante mise en scène sur l'ancien tracé du Mur était un moment très fort.

"Cette idée de dominos est extraordinaire", s'est écrié Peter Jötten, un Berlinois de l'Ouest qui a participé à la destruction du Mur le soir du 9 novembre 1989. Geste symbolique qui souligne le rôle joué par le mouvement Solidarnosc dans la fin de la guerre froide, l'ancien leader du syndicat, le président polonais Lech Walesa a eu l'honneur de renverser le premier domino.

Parmi les discours, la foule a apprécié l'intervention très solennelle du président français. "Si je suis heureux d'être ici, c'est que la chute du mur de Berlin sonne aujourd'hui comme un appel à abattre les murs qui, à travers le monde, divisent encore des peuples", a déclaré M. Sarkozy, concluant son discours par ces mots en allemand : "Nous sommes frères, nous sommes Berlin." Quant au président américain, Barack Obama, grand absent des festivités, représenté par sa secrétaire d'Etat Hillary Clinton, il a adressé un message vidéo. M me Merkel a souligné que cette fête était aussi dédiée à l'Europe. De plus, elle a eu à coeur de rappeler un autre souvenir du 9 novembre : celui de la Nuit de cristal en 1938, avec la destruction de synagogues.

Autre instant chargé d'émotion, la visite par la chancelière du poste- frontière de la Bornholmer Strasse. Accompagnée des héros de la fin de la guerre froide, Lech Walesa et Mikhaïl Gorbatchev, elle a parcouru le pont Bösebrücke, qui marquait avant 1989 la frontière entre l'est et l'ouest de la ville. L'endroit était doublement symbolique : c'était le premier point de contrôle à s'être ouvert le 9 novembre 1989 et celui qu'avait emprunté la jeune Angela Merkel alors âgée de 35 ans pour découvrir Berlin-Ouest.

A Paris aussi, le Mur est tombé, lundi, place de la Concorde. Entre l'hôtel de Crillon et le ministère de la marine est apparue sur un immense écran la porte de Brandebourg, accompagnée de L'Hymne à la joie. Les Allemand présents en ont eu "la chair de poule" raconte un témoin. Le Mur a même trouvé en France une place dans la mémoire collective. Dans l'exposition "Berlin : l'effacement des traces, 1989-2009", le Musée d'histoire contemporaine de Paris l'a reconstruit. Couvert de graffitis, le faux mur est prolongé par des miroirs des deux côtés de la salle. En fond sonore, une voix féminine chante l'hymne de l'Allemagne de l'Est. Dans une obscurité propice, des photographies racontent les grands chantiers du Berlin de ces dernières années.

Cécile Calla (avec Johanna Schmeller à Paris)

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