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A Srebrenica, "on a tous peur d'une nouvelle guerre"

Il avait arrêté le tabac depuis deux ans et demi. Mais les tourments sont revenus avec ces nouveaux discours de séparation à l'allure de déjà-vu. Comme si sa chère Bosnie était prise dans un nouvel engrenage absurde et mortifère. Alors Muhizin Omerovic, dit "Djile", s'est remis à fumer. Trente ans tout juste après l'effroyable guerre au cours de laquelle la région de Srebrenica s'est couverte de charniers. Posté près des ruines d'un ancien restaurant qui surplombe le centre-ville désert, ce rescapé du génocide de 47 ans enchaîne les cigarettes. "Avec mes collègues serbes de la mairie, on a commencé à chuchoter pour parler des tensions actuelles et ça, c'est dangereux : c'est la même atmosphère qu'en 1992, assure cet ancien réfugié en Suisse, les yeux cernés. La situation est tellement mauvaise que ça peut évoluer dans n'importe quel sens. Eux comme moi, on a tous peur d'une nouvelle guerre."

Dans les rues verglacées de Srebrenica, comme un peu partout sur les collines de la région, les bâtiments en ruines rappellent les traumatismes d'un passé qui semble étouffer le présent. Si les mosquées ont été reconstruites, ni les immeubles rénovés ni le lamentable monument pour la paix inauguré par le maire serbe ne sont arrivés à panser les plaies de la ville martyre. Le nom de Srebrenica reste associé à la plus importante tuerie de masse survenue sur le sol européen depuis la seconde guerre mondiale : 8 000 hommes et adolescents musulmans, assassinés en juillet 1995 par...

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