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Reportage: La Madonne de Trapani à la Goulette, une migrante bien accueillie

Foto: Malek Khemiri

Sur la petite place devant l'église Saint-Augustin-et-Saint-Fidèle de La Goulette, les curieux font foule. C'est le 15 août, jour de l'assomption de la Vierge, que la Madonne de Trapani va sortir de son refuge sacré pour bénir les bateaux des pêcheurs, une vieille tradition du quartier goulettois de la " petite Sicile ". Désormais, il n'y a pas que des riverains et autres Italiens et Maltais d'antan. De nombreux fidèles subsahariens ont rejoint la célébration.

Khaled, la cinquantaine, est forgeron. Il a ramené ses deux fils pour assister à l'événement. C'est une journée spéciale à la Goulette. Sur le toit de la maison juste à côté de l'église de La Goulette, des curieux attendent le spectacle, tout comme la centaine de personnes rassemblées devant l'église et interdites d'accès à la messe. " Quand j'étais petit, il y avait beaucoup de pêcheurs italiens. A chaque célébration du jour de l'assomption avec la sortie de la Madonne, le ciel se mettait à pleuvoir le lendemain. C'était comme une bénédiction ", se rappelle Khaled.

La célébration commence. " Messe récitée en français par un italien dans une église chrétienne dans l'ancien quartier juif d'un pays musulman avec des chœurs ivoiriens ", commente-t-on sur les réseaux sociaux. Alex, un Libérien résidant à la Goulette depuis deux ans et demi, veille à orienter les retardataires vers des sièges vacants. Bien que ce soit un fidèle de l'église de Pentecôte, il semble très impliqué dans l'organisation de la messe. " Je viens dans cette paroisse, parce que mon église n'existe pas ici ", nous confie Alex.

Les pieux se mettent en mouvement et prennent place dans la file d'attente, où un jeune homme subsaharien veille sur la distribution des hosties. " Vous êtes catholiques ? ", interroge-t-il les demandeurs. Il lui arrivait même de retirer l'hostie de la bouche des non-catholiques avant qu'ils n'avalent le pain béni. " Tu as vu ?! Elle voulait la prendre bien qu'elle n'est pas catholique ! ", s'exclame une jeune femme, sur le ban d'à côté, en se tournant vers ses amies. Après plus de deux heures de messe, la Madonne est sortie. Subsahariens, Tunisiens et Italiens la portent sur leurs épaules.

Sous la lumière solennelle des centaines de smartphones sortis pour la documentation de ce moment longtemps attendu, la Madonne sort de l'église pour faire son tour d'honneur dans la cour de la paroisse. " Avant, on marchait jusqu'aux remparts de la Karraka. Je venais de Carthage jusqu'ici pour assister à la sortie de la Madonne ", se souvient, Wahida, 72 ans.

Des youyous sont lancés, la foule devant la porte est impatiente après une longue attente sous un soleil de plomb. Après s'être découvert une africanité, la Madonne de Trapani se retrouve bien accueillie dans la Tunisie du 21 ème siècle avec ses photos et vidéos postées instantanément sur les réseaux sociaux.

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