4 abonnements et 2 abonnés
Article

La danse fantomatique et engagée de Jamila Johnson-Small

A 31 ans, la performeuse originaire de Londres se distingue grâce à ses projets à la fois troublants et revendicatifs. Elle se produit au Palais de Tokyo ces deux jeudis à venir.

Profession : Performeuse

Age : 31 ans

Actualité : remarquée grâce à son projet solo Last Yearz Interesting Negro en 2017 et cette année lors du festival Do Disturb au Palais de Tokyo avec Fury1 (testtwo), Jamila Johnson-Small présente sa pièce I ride in colour and soft focus, no longer anywhere les jeudis 3 et 10 mai dans le cadre de La Manutention, nouveau format initié par le Palais de Tokyo pour découvrir et suivre l'évolution des travaux de performeurs.

Ascendants : Jamila Johnson-Small a grandi à Londres. " J'ai toujours détesté l'école. Parmi les mille élèves du collège, nous étions seulement sept enfants Noirs. Je n'ai pas parlé durant tout un trimestre ", rapporte t-elle dans une interview pour Standard UK. Au lieu de fréquenter des bandes de lycéens noirs passionnés de hip-hop ou portés par les valeurs religieuses de l'église, Jamila traîne avec des punks. Lutter pour la condition des Noirs en Angleterre ne l'intéresse pas, à l'inverse de ses parents. C'est seulement plus tard qu'elle prend conscience des difficultés auxquelles la communauté est confrontée. Ses études terminées, elle suit un ami, danseur dans une école de danse et abandonne ses projets d'études de langues. L'année suivante, elle se présente à l'école de danse contemporaine de Londres et y reste pendant cinq ans.

Signes particuliers : À l'issue de sa formation en danse, elle débute une collaboration sous le nom de Project O avec Alexandrina, également perfomeuse noire. Elles cherchent à traduire par le corps les expériences racistes qu'elles ont vécues. Dorénavant, Jamila ne veut plus se consacrer à l'élaboration de projets " expliquant aux Blancs les horreurs qu'ils ne voient pas ". Refusant de se dresser comme le porte-parole d'une communauté ou d'exprimer quelques revendications féministe et antiracistes dans ses pièces, Jamila préfère semer le trouble. Dans I ride in colour and soft focus, no longer anywhere, elle mêle la musique électronique à la danse dans une ambiance apocalyptique, chaotique tout en exécutant des mouvements dans un flux lent et méditatif. " Mon acte de résistance, c'est m'autoriser à être moi-même, dans toute ma complexité " explique-t-elle. Depuis, elle a affronté le deuil de son père. Dans sa danse fantomatique, elle s'évertue à transmettre cette douleur, cette mort qui gît à l'intérieur d'elle-même, un sentiment que le spectateur ressent inéluctablement.

A voir Jamila Johnson-Small, les jeudis 3 et 10 mai de 19h30 à 23h, dans le cadre de La Manutention, Palais de Tokyo, 13 avenue du Président Wilson, Paris 16e, accès sur présentation du billet d'entrée aux expositions, dans la limite des places disponibles, 9-12€

Rétablir l'original