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Face à la violence, Nicola Gunn réagit dans une performance à l'humour subversif

Dans le cadre du festival 100% à la Villette, Nicola Gunn présente sa pièce "Piece for person and ghetto blaster". Une création empreinte d'humour qui vise à nous faire réfléchir sur les attitudes à adopter face à l'animosité.

Un jour de 2014 à Gand, alors qu'elle fait son jogging le long d'un canal, l'artiste australienne Nicola Gunn aperçoit un homme en train de jeter des cailloux sur un canard qui couve ses œufs. Elle lui demande d'arrêter. S'ensuit une dispute où tous les deux s'injurient copieusement dans leurs langues étrangères respectives, et donc sans se comprendre. L'incident va inspirer la plasticienne qui en fait un spectacle, Piece for person and ghetto blaster, présentéà la Villette dans le cadre du festival 100%.

Diplômée d'un master en art à l'Institut Royal de Technologie de Melbourne, Nicola Gunn, " qui préfère ne pas donner son âge ", a déjà réalisé douze mises en scène, majoritairement des solos, combinant le texte et la danse. Performeuse basée en Australie, elle s'intéresse aux comportements humains, mêlant dans chacune de ses pièces le récit anthropologique à l'humour subversif.

"J'ai réalisé qu'en ayant réagi de façon agressive et irrationnelle, je n'ai fait qu'amplifier la violence"

Dans cette création, réalisée en 2015, dont la chorégraphie est signée par Jo Lloyd, avec qui elle avait déjà collaboré sur une autre pièce, Confusion for three, Nicola Gunn questionne nos réactions face à la violence et démontre la futilité de l'usage de la haine. " Lorsqu'il m'est arrivé cette histoire en Belgique, j'ai réalisé qu'en ayant réagi de façon agressive et irrationnelle, je n'ai fait qu'amplifier la violence. Bien sûr, pour l'endiguer, ma réaction était loin d'être la bonne ! " Sur scène, la dramaturge ne cherche pas pour autant à présenter ses mémoires : " Je ne souhaitais pas créer une symbolique ou mimer le texte, mais amener une mise en scène aussi frivole et absurde que la réponse violente engendrée par la haine. " Son histoire se déroule donc au rythme de mouvements incongrus et via un gros radiocassette (ghetto blaster). " J'aime l'histoire de cet objet, et l'idée qu'il construit un espace public, comme à New-York, nous permettant d'hurler. " Crier, s'abandonner au bouillonnement haineux qui déferle dans notre corps, Nicola Gunn s'y donne à cœur joie et nous montre à quel point, on a l'air ridicule lorsqu'on se met en colère.

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