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Jumpstyle, la danse féroce venue du web met le feu à la scène

Cette danse effervescente et solitaire, popularisée par le Net, se retrouve pour la première fois sur scène grâce au collectif parisien (La)Horde. Explications.

Composée de Marine Brutti, Jonathan Debrouwer et d'Arthur Harel, (La)Horde se passionne dans ses créations pour les danses post-internet et met en scène le jumpstyle. Une première. Sur fond de techno hardcore rythmée entre 140 et 160 BPM, le jumpstyle est une danse ultra dynamique qui dure initialement 20 à 30 secondes, enchaînement de sauts et de mouvements saccadés.

Sauvage et intense

Apparu dans les années 1990 dans des clubs en Belgique et aux Pays-Bas, le jumpstyle connaît son pic de popularité une décennie plus tard grâce à la plateforme YouTube, pérennisant ainsi le mouvement par la publication de vidéos tutorielles. Filmés de profil pour mieux laisser admirer leurs jeux de jambes, les jeunes, issus des quartiers populaires, consacrent des heures à la réalisation de leurs vidéos. " On a pu retrouver chez eux l'utilisation de la vidéo, des codes qui étaient les nôtres et qui nous fascinaient ", explique Arthur Harel, du collectif (La)Horde, qui reprend le concept aujourd'hui dans le spectacle To Da Bone. Cette danse, solitaire et apolitique, évolue également selon les pays, influencée directement par les danses traditionnelles : en Europe de l'Est, les sauts sont plus aériens, tandis qu'en France, en Espagne ou en Italie, les mouvements sont plus ancrés dans le sol.

Stars de Youtube

C'est le collectif (La)Horde, qui s'est spécialisé dans les danses post-internet, présentes à la fois sur le web et en dehors, qui a relevé le défi : transposer le jumpstyle à une scène de théâtre. Dans To Da Bone, créée en 2017, 15 jumpers autodidactes venant de France, d'Allemagne, d'Italie, d'Ukraine, de Hongrie, de Pologne, de Belgique et du Canada, ont été recrutés via leurs chaînes YouTube, en fonction de leur popularité virtuelle. " Au départ, quand nous sommes entrés en contact avec eux, ils ne nous prenaient pas au sérieux, ils croyaient qu'il s'agissait d'une blague, qu'on était là pour les troller ", raconte Jonathan Debrouwer.

De fait, pour les interprètes de To Da Bone, âgés de 18 à 25 ans, c'est la première fois qu'ils dansent sur les planches d'un théâtre. " Alors qu'ils ont des milliers de vues sur YouTube, certains avaient très peur de se retrouver face à un public ", raconte Arthur. Dans cette mise en scène tumultueuse, c'est une jeunesse révoltée qui prends corps. " Comme inspiration, on est partis de leurs styles, on a donc travaillé des états de corps, développer des circulations dans l'espace, de la présence. On ne voulait pas plaquer une chorégraphie de façon arbitraire. C'était un échange de compétences, on a autant appris d'eux qu'ils ont appris de nous. " conclue Marine Brutti.

© Laurent Philippe

A voir : Carte Blanche à (La)Horde La pièce chorégraphique To Da Bone, suivie du film Novaciéries, les 2 et 3 février à partir de 20h à la Maison des Arts à Créteil. Samedi, à 22h : soirée 150 BPM Free Party.

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