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Red Bull et Leipzig déploient leurs ailes et visent les sommets

Julian Nagelsmann est la nouvelle tête de proue du RB Leipzig.

02.10.2019 Adversaire de Lyon en Ligue des champions ce mercredi, le Rasen Ballsport Leipzig, dauphin du Bayern en championnat, semble plus fort que jamais. Propriété de Red Bull, le club allemand n'est pourtant pas encore à l'apogée de son projet.

Après le tirage au sort des groupes de la Ligue des champions, Juninho, le directeur sportif de l'Olympique Lyonnais, ne s'y trompait pas au moment d'évoquer le dernier membre du groupe, issu du chapeau 4 : "Leipzig est une équipe très organisée, contre laquelle il est très difficile de jouer". Le club de l'Est de l'Allemagne a bien évolué depuis son élimination en quart de finale de Ligue Europa contre l'Olympique de Marseille en 2017-2018. L'arrivée du jeune génie tactique Julian Nagelsmann comme entraîneur l'été dernier a ajouté du crédit au projet du RBL. Le très bon début de saison, ralenti par une première défaite contre Schalke 04 samedi dernier, témoigne de la réussite d'un projet singulier.

Fondé en 2009, le Rasen Ballsport Leipzig fait office de tête de gondole du projet de l'entreprise de boissons énergisantes Red Bull. Parti de la cinquième division, le RBL a gravi les échelons un à un pour atteindre la Bundesliga et n'a d'autre ambition que de soulever le Meisterschale. "Le projet de jeu du RBL est le même que dans les autres clubs de la galaxie Red Bull que sont Salzbourg et New York", explique Patrick Guillou, consultant pour beIN Sports et spécialiste de la Bundesliga. "Ce projet est basé sur un jeu agressif, rapide, fait de pressing et de contre-effort, toujours à la recherche de la nouveauté, à l'image des sports extrêmes auxquels est habituée la marque autrichienne. Nagelsmann s'intègre dans cette philosophie de jeu et doit lui permettre de franchir un pallier", poursuit l'ancien joueur de Saint-Etienne.

"Leipzig a une cellule de recrutement très performante, avec des gens bien informés" Peter Zeidler

Julian Nagelsmann, entraîneur du RB Leipzig

Pour mener à bien ce projet, le club de la marque au taureau parie sur des jeunes joueurs à fort potentiel recrutés partout en Europe. "Leipzig a une cellule de recrutement très performante, avec des gens bien informés. Ils suivent de nombreuses équipes de jeunes dans différentes ligues sur la durée et sont souvent les premiers sur le coup", avance Peter Zeidler, ancien entraîneur de Tours et de Sochaux. L'actuel coach du club suisse de Saint Gallen se souvient de l'époque où il entraînait les Jaune et Bleu en 2017-2018. "Les recruteurs de Leipzig étaient présents à chaque match. La Ligue 2 est un championnat très attractif pour les clubs allemands, et en particulier pour Leipzig", explique l'Allemand, qui fut l'un des premiers à s'intéresser à l'antichambre du foot français, alors qu'il était l'assistant de Ralf Rangnick à Hoffenheim entre 2008 et 2011. Ce dernier, entraîneur des Roten Bullen en 2015-2016 puis 2018-2019, est aujourd'hui Head of Sport and Developpment Soccer chez Red Bull. Véritable penseur de la philosophie de jeu du club et de la stratégie de recrutement, Rangnick nous confiait en juillet dernier son attrait pour les jeunes joueurs français et pour la Ligue 2.

Le goût du joueur français

"Tous les joueurs que nous avons recrutés en France apportent un bon mélange de puissance physique, de vitesse, de dynamisme, d'explosivité mais aussi avec une bonne technique", analyse-t-il. "Ils ont une bonne conduite de balle parce qu'ils ont appris à jouer et à taper dans la balle dans la rue. Nous recherchons des joueurs qui ont cette culture du football de rue, avec une bonne technique et une bonne formation tactique", expliquait-il pour justifier le large contingent tricolore chez le dauphin du Bayern. Nordi Mukiele, Dayot Upamecano, Ibrahima Konaté et Christopher Nkunku, fraîchement arrivé du PSG l'été passé, font figure de titulaires dans l'équipe de Julian Nagelsmann et correspondent au portrait type de joueur décrit par Rangnick. Fort d'un vaste réseau de recrutement, Leipzig tire également profit de son partenariat avec le Red Bull Salzbourg pour développer les joueurs dans une ligue moins concurrentielle que la Bundesliga.

Quand la F1 inspire le football

Le champion d'Autriche, également possession du groupe Red Bull, sert de club satellite au RBL. Marcel Sabitzer, Amadou Haidara ou encore Naby Keita ont d'abord fait leurs gammes dans la ville de Mozart avant de passer la frontière et d'exploser en Bundesliga. "Les scouts des deux clubs fonctionnent souvent ensemble. Lors de mon arrivée à Salzbourg en 2015, six de mes joueurs sont partis à Leipzig, dont Sabitzer et Gulasci [titulaires indiscutables au RBL encore aujourd'hui, ndlr]", se souvient Zeidler. "Red Bull réitère la stratégie qui a fait son succès en Formule 1. En recrutant de bons techniciens, de bons ingénieurs et de bons pilotes, mais aussi avec une autre écurie 'satellite', Toro Rosso, ils étaient devenus champions du monde avec Sebastian Vettel de 2010 à 2013. Cette stratégie globale demande de gros investissements mais Red Bull la mène parfaitement", estime Patrick Guillou. L'écurie autrichienne avait alors remporté son premier titre cinq ans après sa création en 2005. Si la courbe de progression du RB Leipzig n'est pas aussi pentue que celle de l'écurie de F1, l'état de forme du buteur Timo Werner et l'intelligence tactique de Julian Nagelsmann peuvent faire définitivement décoller le club allemand vers les succès, nationaux et internationaux.

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